Grève dans la fonction publique: les services publics jurassiens en alerte rouge
Ce jeudi 5 juin, une journée de grève à l'appel de la CGT, à laquelle s'est associée la FSU, a mobilisé les agents de la fonction publique à travers tout le Jura.
📢 Grève dans la fonction publique : les services publics jurassiens en alerte rouge.
Par Trente-Neuf Degrés – Jeudi 5 juin 2025.
Ce jeudi 5 juin, une journée nationale de grève à l'appel de la CGT, à laquelle s'est associée la FSU, a mobilisé les agents de la fonction publique à travers tout le Jura.
À Lons-le-Saunier, Dole, Poligny, Champagnole et Saint-Claude, les manifestants ont répondu à l’appel national contre la casse des services publics, la réforme des retraites et l’austérité budgétaire.
Dans un contexte de tensions croissantes sur le terrain, les rassemblements ont donné la parole à des agents souvent invisibles, porteurs d’un message commun : “Nous voulons du sens, du respect et des moyens.”
🏙️ Mobilisations réparties dans les principales villes du Jura.
📍Dans la capitale jurassienne, Lons-le-Saunier, près d’une centaine de personnes se sont retrouvées place de la Liberté. Les slogans étaient clairs : “Non à la retraite à 64 ans”, “Oui à la justice sociale”, et “Des services publics pour toutes et tous”. Les représentants syndicaux CGT et FSU ont dénoncé une réforme injuste, imposée sans véritable concertation, ainsi qu’un budget public en déconnexion totale avec les besoins réels du pays.

Lons le Saunier, place de la Liberté.
📍 Poligny : l’animation en grève, les États généraux comme levier d’expression.
À Poligny, la grève a pris une forme singulière : un rassemblement organisé par la CGT Fonction Publique Arbois-Poligny-Salins sous la bannière des États généraux des services publics territoriaux. Place du Champ de Foire, les agents ont pris la parole pour dénoncer la situation critique du secteur de l’animation socioculturelle.
Pas moins de quatre centres de loisirs ont dû fermer leurs portes ce jour-là, faute de personnel. Animateurs, animatrices, directeurs et directrices d’ALSH ont tiré la sonnette d’alarme : sous-effectifs, conditions de travail dégradées, métiers précaires, et surtout manque criant de reconnaissance.
« Ce que traverse le secteur de l’animation, c’est une crise de reconnaissance et de moyens, qui fragilise à la fois les professionnel·les et les enfants qu’ils accompagnent. »
Des parents d’élèves, notamment d’Arbois, ont publiquement soutenu la mobilisation. Dans un communiqué relayé par Trente-Neuf Degrés, ils dénoncent l’augmentation des taux d’encadrement (de 1 adulte pour 14 enfants à 1 pour 18), des conditions de sécurité compromises, et une politique de gestion des ressources humaines qui démotive et épuise les équipes.
« Certains jours, l’encadrement tombe à 1 adulte pour 33 enfants. Ce n’est pas seulement insuffisant : c’est dangereux. »
Communiqué des parents révoltés de l'école publique d'Arbois - Trente-neuf degrés
Le rassemblement a été marqué par la présence de plusieurs élues locales, venues écouter et dialoguer avec les grévistes. Valérie Depierre, maire d’Arbois, et Cécile Briot, adjointe à l’éducation, ont affirmé leur volonté de porter les revendications au sein des instances communautaires.
Un cahier d’expressions et de revendications a été mis à disposition pour recueillir les doléances des agents et des habitants. Parmi les idées fortes : créer des espaces réguliers de dialogue entre agents, parents et élus, et agir en prévention, avant que les situations ne se dégradent.
« Ce travail syndical, ce n’est pas seulement de la contestation, c’est de la construction collective », a rappelé Geoffrey Faivre, syndicaliste CGT.

Poligny, place du Champ de foire
📍 Dole : convergence des luttes, la parole aux invisibles.
À Dole, la mobilisation a rassemblé plusieurs dizaines d’agents venus de différents secteurs publics, dans une ambiance à la fois digne et déterminée. L’un des temps forts a été la prise de parole conjointe de la CGT Santé et de la FSU, qui ont réaffirmé leur solidarité avec une enseignante suspendue pour avoir observé une minute de silence en hommage aux victimes civiles à Gaza.
Cette intervention a élargi les revendications à une dimension plus globale, mêlant défense des droits humains et remise en cause des logiques autoritaires à l’œuvre dans certaines institutions. “Ce n’est pas seulement une question de budget ou de retraites, c’est une question de liberté, de respect et de justice”, a insisté un représentant FSU.
Les personnels présents ont aussi évoqué les suppressions de postes, les baisses de moyens dans l’éducation, la santé et les services sociaux, dénonçant une politique d’austérité qui rend leur travail de plus en plus difficile. Dans les discours, une phrase revenait souvent : “Les services publics sont le cœur de la République.”
📍Saint-Claude, ville durement touchée par la fermeture de MBF qui a entraîné une perte d'emplois massive, et qui a subi la fermeture de la maternité et des réductions d’effectifs à l’hôpital, a vu s'organiser un rassemblement place du 9 avril à l'appel de la CGT.

St Claude, place du 9 avril
📢 Une journée d’expression collective, des chantiers à venir.
La mobilisation du 5 juin s’inscrit dans une dynamique nationale, portée par les États généraux de la fonction publique. Dans le Jura comme ailleurs, les grévistes ont fait entendre une parole trop souvent ignorée : celle des agents du quotidien, confrontés à la précarité, au manque de reconnaissance et à des conditions de travail dégradées.
Partout, la même conviction : le service public n’est pas une charge, c’est un investissement pour l’avenir. “Un service public de qualité ne coûte pas plus cher, il coûte juste ce qu’il faut pour assurer l’égalité”, rappelait une militante FSU à Lons-le-Saunier.
Au-delà des retraites ou des budgets, ce sont des questions de fond qui émergent :
– Quelle école voulons-nous ?
– Quelle politique de solidarité et de justice ?
– Quelle place pour les agents publics dans notre démocratie ?
✊ La mobilisation ne fait que commencer.
Avec les cahiers de revendications, les prises de parole et les actions collectives, une nouvelle phase s’ouvre : celle de la construction. Car pour les agents comme pour les syndicats, une chose est claire : “Un autre avenir est possible, mais il se construira ensemble.”