Culture / Bresse & Ruffey-sur-Seille

Sacco et Vanzetti à Ruffey-sur-Seille

Dominique Babilotte et Yves Briens ont interprété une pièce qui met en scène l’histoire légendaire de deux anarchistes italiens condamnés en 1927 à la chaise électrique lors d’un simulacre de procès qui a soulevé l’opinion mondiale. Ils ont été exécutés le 23 août 1927. Dominique et Yves acceptent de répondre à mes questions.

Le deux comédiens représentent devant un public attentif
Sacco : « Mourir ? Chacun sait qu’il va mourir, mais personne ne croit que la mort existe. Et puis, elle vient. Au début on a peur. Et on est fou de rage, peur et colère ensemble. »
Vanzetti : « Pourquoi croyez-vous que cet état veuille m'assassiner ? Sous couvert d’une affaire de crime crapuleux, ce procès est un procès politique. Il faut exécuter deux militants ouvriers. Pour l’exemple.»

Une fois n’est pas coutume, « Chants d’Etoile », association de Ruffey-sur-Seille promouvant la chanson française à texte, a proposé samedi 18 mars au soir une pièce d’Alain Guyard, « Sacco et Vanzetti », un huis clos poignant qui a ému fortement les 50 spectateurs présents.

Le procès de 2 anarchistes injustement condamnés à mort

Dominique Babilotte et Yves Briens, les deux comédiens, ont interprété une pièce qui met en scène l’histoire légendaire de deux anarchistes italiens, deux immigrés aux États-Unis condamnés en 1927 à la chaise électrique lors d’un simulacre de procès qui a soulevé l’opinion mondiale. Ils ont été exécutés le 23 août 1927.

Dominique et Yves acceptent de répondre à mes questions.

Hier vendredi, Dominique, vous avez joué à Authume dans un registre différent.

DB : Oui, chez Éric Tavernier, j'ai fait un concert de mes propres chansons, je suis auteur compositeur interprète. Sinon, avec Yves, on a un spectacle sur Pierre Perret, rien à voir avec ce que vous avez vu ce soir à Ruffey. On est cinq, deux chanteuses, deux chanteurs, un pianiste.

Qu’est-ce qui vous a motivé à jouer cette pièce ? Combien de fois l’avez-vous jouée ?

DB : J’ai vu jouer « Sacco et Vanzetti » lors de sa création par Jacques Dau et Jean-Marc Cattela au festival d’Avignon en 2013. J’étais estomaqué par cette mise en scène. Comme on avait envie de monter un projet à deux, j’ai proposé à Yves de jouer cette pièce. Et c’est parti comme ça.

YB : On a commencé en juin 2021 et depuis nous l'avons jouée une trentaine de fois.

Jouer onze personnages à deux, c'est une réelle performance d'acteurs.

YB : C’est ce qui surprend toujours les gens. Mais pour nous, comme on fait de l’improvisation, c’est la partie la plus simple. Le plus difficile, c’est de jouer les personnages de Sacco et Vanzetti.

Cette mise en scène avec un décor dépouillé a une résonance aujourd’hui.

DB : C’est pour ça qu’elle est aussi intéressante. Elle est historique et en même temps d'une actualité criante, d'une intemporalité, d'une « inspatialité », si je puis dire. Elle est universelle, malheureusement. On voit ce qui se passe en Ukraine et partout ailleurs dans le monde.

YB : Y compris en France. Il y a des moments où une machine d'état se met en marche et va broyer les individus. C’est terrible.

DB : En enlevant tous les artifices de décor, on raconte une histoire inscrite dans l’intemporalité. Je crois que c'est encore plus spectaculairement vu que c'est d’actualité. Dans la mise en scène de la pièce qui a été montée par Dau et Cattela, il y avait des vidéos avec des archives d’époque. C’était très bien fait. Mais, du coup, je trouve qu'ils ont perdu une dimension qui était de dire : vous voyez ce qui arrivait là-bas hier, peut arriver ici aujourd’hui.

YB : Je rajouterais que les spectateurs d’aujourd'hui parlent moins de Sacco et Vanzetti que de la résonance sur l'actualité.

J’y viens. D’après vous, étaient-ils coupables ?

YB : Sans doute que non. Le problème, c'est qu'on ne s’est pas du tout intéressés à l'enquête, aux faits. Tout a été monté à charge. Pour personne ça n’avait d’importance, ni pour l'accusation, ni pour la défense. Aujourd’hui, il n'est plus possible de faire la lumière sur les événements. Trop de preuves ont été manipulées, bougées, enterrées. C’est le résumé de leur mort.

DB : Même s’ils sont coupables, est-ce qu'il faut pour autant tuer les gens ? Cette pièce est aussi un plaidoyer contre la peine de mort.

YB : Le thème du racisme y est soulevé. Le racisme n’est pas qu’une question de couleur de peau, c'est un problème de classe.

Dominique Babilotte interprète Nicola Sacco :

Auteur compositeur interprète, il a publié plusieurs albums personnels et deux en tant qu'interprète de Serge Reggiani. Plusieurs centaines de concerts à travers la France, le Québec et quelques festivals lui confèrent une certaine notoriété dans le « petit » milieu de la « chanson á texte » en France. Il a partagé pendant plusieurs années ateliers théâtre et rings de matchs d’improvisation théâtrale avec Yves Briens. En parallèle, il est à l’initiative du spectacle « Le café du Canal » autour des chansons de Pierre Perret toujours à l’affiche. Toujours en projet, accompagné d’un trio de jazzmen, il chante Nougaro.

Yves Briens interprète Bartolomeo Vanzetti :

Yves est comédien, chanteur. Un parcours d’acteur de théâtre riche de nombreuses expériences dans plusieurs troupes locales. Cofondateur de la compagnie Colibri, collectif d'improvisation briochin, il a pratiqué pendant plus de 10 ans l'impro sous toutes ses formes. Chanteur de rock pendant quelques années, animateur d'ateliers théâtre ados en collège ou MJC. Il fait partie de l’aventure du « Café du Canal ».

Marie Babilotte : Son et lumières.

Vous pouvez voir un extrait et un teaser sur Youtube