Écologie / Poligny

La commune de Poligny n'anticipe pas l'avenir, l'exemple des îlots de chaleur urbains

L'été dernier, la chaleur dans le Jura, comme partout en France a été d’une violence encore jamais vue auparavant, et cela n’aura plus rien d’exceptionnel dans les années à venir. Le changement climatique a commencé et le jura malgré ses forêts, ses lacs, n’y fera pas exception. Retour sur l’été 2022 par le prisme des îlots de chaleur urbains.

Trois quartiers différents à Poligny récemment rénovés sans aucune trace de végétation.

Le scénario le plus probable annonce une augmentation de 1,5°c d’ici 2030 en Franche-Comté et 2,5°c en 2050. De telles augmentations de températures auront de graves conséquences sur l’économie et le vivant. La question que le politique doit se poser dorénavant n’est plus comment stopper le changement climatique. Celui-ci est irréversible. Il s’agit de savoir comment le ralentir et comment adapter notre mode de vie, nos politiques à ce nouveau climat. A Poligny, le politique a encore le pouvoir d’agir, mais semble être déconnecté de toute réalité future. La Grande Rue, le quartier de Charcigny, la nouvelle école Thomas Pesquet ont été rénovés sans arbres et sans aucune forme de végétalisation. Cela pose énormément de problèmes, mais nous allons nous concentrer sur un en particulier : la formation d’îlots de chaleur urbains (ICU).

Le phénomène d’ICU, constitutif de la climatologie urbaine, est décrit comme étant la différence de température entre la ville et la campagne. Cette approche est ancienne, puisqu’en France elle apparaît au XVIIIe siècle où des météorologues décrivent ce phénomène à Paris : «L’air à Paris nous paraît fort chaud quand la liqueur se trouve à 24 degrés». Poligny, bien que ne présentant pas les mêmes caractéristiques que la ville de Paris, n’échappe pourtant pas à la règle.

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Voici les relevés de températures de la ville de Poligny, ces relevés sont conformes à ce que l’on peut observer dans les études sur les ICU. L’ICU est donc un phénomène nocturne, la température en ville baisse moins rapidement que la température en campagne. Ici, la différence peut aller jusqu’à 4,5°C à 6 h du matin. Cette différence est énorme quand on pense aux mauvaises isolations des logements du centre-ville ou des HLM. Une situation qui pourrait devenir invivable dans les années à venir, si la municipalité ne fait rien.

Comment inverser la tendance et empêcher les îlots de Chaleur Urbains ?

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Légende : les facteurs spatio-temporels intervenant sur l’ICU et les échelles impliquées, Thèse L’îlot de chaleur urbain et le changement climatique : application à l’agglomération rennaise, Xavier Foissard

Plusieurs types de variabilités peuvent expliquer le phénomène de l’ICU : des variabilités temporelles et des variabilités spatiales. S’il est difficile d’agir sur les variabilités temporelles, il est en revanche possible de mettre en place certaines mesures afin d’agir sur les variabilités spatiales. Ce sont ces variabilités spatiales à l’échelle locale, microlocale, qui nous intéressent. La couleur des bâtiments, la végétation, l’enherbement, les arbres, la présence de la voiture, les surfaces imperméables jouent sur la formation de l’ICU. Pour endiguer ce phénomène, il est indispensable que la ville de Poligny et l’ensemble des communes du Jura réfléchissent à tous ces points afin de créer de véritables îlots de fraîcheurs à l’intérieur même de la ville. Pourtant, tout ce qui a été voté par la majorité en place depuis la dernière décennie a systématiquement pris des décisions absurdes d’un point de vue écologique et bien-être pour les habitants. Les répercussions d’une telle politique ont et auront des effets directs sur les populations les plus vulnérables. Oui, planter des arbres, créer des espaces de végétalisation, ne relève plus de décisions écologiques mais bien de bien-être global de la population. Soyons inventif·ives, le futur nous l’impose.

Où en sont nos institutions locales sur la réflexion concernant les ICU ?

A Poligny, à peu près nulle part. Nous avons interrogé à ce sujet Pascal Collin, chef de service environnement à la communauté de communes Arbois Poligny Salins : la communauté de communes met en place un PCAET (plan climat énergie territorial) qui est une obligation légale et ayant pour objectif de faire l’état des lieux de nos émissions de gaz à effet de serre, de la qualité de l’air… et de proposer des fiches actions visant à répondre aux problèmes soulevés. Les services de la collectivité ont, selon Pascal Collin, proposé des fiches actions concernant les ICU, le pouvoir est maintenant entre les mains des politiques. A Poligny, ce qui est sûr, c’est que le problème de l’avenir n’est pas à l’ordre du jour.

A Lons-le-Saunier, toutes les cours d’écoles d’ici la fin du mandat seront végétalisées! Alors que le règne du bitume s’est imposé dans les espaces de récréation scolaire, la nouvelle municipalité souhaite faire place nette en revitalisant les cours de ses écoles avec pour objectif premier d’enlever le béton et de le remplacer par des matériaux drainants, par de la végétation, afin de créer des îlots de fraîcheur pour les écoliers.