Place de la Liberté : quand Arbois dit non à la haine
Jeudi 29 mai 2025, en fin d’après-midi, la place de la Liberté à Arbois a renoué avec sa vocation historique : celle d’un espace de parole et de convergence. Environ une centaine de personnes se sont réunies pour dire "non au racisme" et affirmer leur attachement à la paix.
Sous un ciel de fin de printemps, la place centrale de la petite ville jurassienne s’est emplie de voix, de pancartes, de silences attentifs aussi. Un rassemblement spontané, impulsé par des militant·e·s antiracistes du Jura, en réponse aux exactions récentes commises par des groupes d’extrême droite dans la région. Aux côtés des habitants venus témoigner leur solidarité, plusieurs organisations étaient présentes : Amnesty International, Solidaires, la CNT, LFI, les Antifa d’Arbois, ainsi que des élus locaux.

Une réaction locale face à une menace nationale
À l’origine de cet élan collectif, une série d’agressions et de menaces racistes perpétrées ces derniers jours, que certaines autorités tentent de minimiser. « Les officiers de police locaux dénoncent des actes isolés, une version relayée par une partie de la presse locale », peut-on lire dans L’Insoumission, qui dénonce une indifférence coupable face à une montée des violences xénophobes : « Les symboles néonazis fleurissent de plus en plus sur les murs des villes, mais les autorités demeurent aveugles. »
Ce constat est partagé par Amnesty International, dont la représentante française, Nathalie Godard, rappelait dès janvier :
« Les autorités françaises échouent à mettre en place une politique publique de lutte contre le racisme et les discriminations, qui soit efficace et ambitieuse (...). Il est temps que la classe politique et les médias français prennent la mesure de leur responsabilité. »

Un front commun contre l'extrême droite.
Les prises de parole se sont succédé sur la place de la Liberté, portées par une colère calme et une volonté de ne pas céder à la peur.
Valérie Depierre, Maire de la ville, a souhaité s'exprimer :
"Les valeurs fondamentales de la République... des valeurs qui nous unissent, qui forgent notre liberté et notre dignité. Il est essentiel de lutter contre le racisme, la discrimination et l’intolérance. C’est d’autant plus significatif sur la place de la Liberté, symbole vivant de notre communauté."
La Confédération Nationale du Travail (CNT) a livré un discours sans concession :
« Aujourd’hui comme il y a 80 ans, l’extrême droite menace dans la rue et dans les urnes. (…) Elle mène l’agenda politique sans avoir besoin de gagner les élections. (…) L’antifascisme est l’affaire de tous ! »

Même tonalité chez les représentants de La France Insoumise, cœur du Jura, qui ont dénoncé l’hypocrisie des responsables politiques nationaux :
« Ce que nous avons vu, c’est le visage brut de la haine raciste, nourrie depuis des années par l’extrême droite, banalisée par Macron, Darmanin, Retailleau (…) Ne tombons pas dans le piège de la division. Organisons-nous. Relevons la tête. »
Des voix citoyennes et engagées
Au-delà des organisations, plusieurs habitants ont exprimé leur émotion et leur engagement personnel. Adrien, à l’origine de l’appel au rassemblement, s’est dit touché par la mobilisation :
« Ça fait chaud au cœur de voir autant de monde réuni ce soir à Arbois. Merci à toutes et tous d’être venu·es, d’avoir réagi à ce qui s’est passé vendredi dernier. »

Parmi les témoignages les plus marquants, celui de Pauline, professionnelle du milieu culturel :
« Ce n’est pas un événement isolé, c’est un symptôme d’un système. Je ressens une prise de conscience personnelle face à ce qu’on peut appeler le racisme d’État. (...) Je pense que ça nécessite absolument de se retrouver, de se parler, de se rapprocher. »
Un souffle d’espoir dans un contexte inquiétant
Malgré la gravité des faits dénoncés, l’atmosphère qui régnait sur la place de la Liberté était celle de la solidarité et de la détermination. Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité de maintenir le dialogue, de refuser l’indifférence et de défendre une société fondée sur l’égalité, la dignité et la justice.
Ce rassemblement local, modeste par sa taille mais puissant par son message, s’inscrit dans un mouvement plus large de mobilisation citoyenne face aux fractures sociales et aux discriminations persistantes. À Arbois, ce jeudi 29 mai, la parole s’est levée contre la haine. Et elle ne compte pas se taire.
