Culture / Jura & Brainans

MOULIN DE BRAINANS : UN RASSEMBLEMENT ET DES REVENDICATIONS. # 1

Le Moulin de Brainans est une aventure culturelle et humaine qui a mobilisé un grand nombre d'artistes, de spectateur·ices et de bénévoles depuis des décennies. Dans un moment-clé qui va déterminer le futur ou la disparition de cette scène mythique, 39 degrés donne la parole à celleux qui contribuent à lui donner vie.

Le moulin de Brainans

Suite au rassemblement initié par le comité de soutien au Moulin de Brainans, l’équipe de Trente-neuf degrés a rencontré un des membres, Bruno Artel, pour parler de l’avenir du Moulin de Brainans.

39° : Comment s'est passé le rassemblement du dimanche 19 janvier ? quels ont été les aspects positifs ?

Bruno Artel : On était à peu près 200 personnes réunies devant le moulin de Brainans, et parmi elles, des membres fondateurs de l'association Promodégel qui porte les activités du lieu. Il y avait aussi des anciens membres des différents conseils d'administration du moulin de Brainans, des usagers, des bénévoles et des amoureux de cette salle.

Ça s'est plutôt bien déroulé dans l'ensemble. Un élu du Conseil Régional était présent ainsi qu’un conseiller de communauté de communes Arbois-Poligny-Salins (CCAPS). On a noté l’absence de Dominique Bonnet, président de la CCAPS, également vice-président de l'association des maires du Jura. Des personnes présentes ont rejoint le collectif pour apporter leur soutien à l'action et à la mobilisation. Après des temps de discours, de présentation de notre action, nous avons affiché notre volonté de voir le moulin rouvrir rapidement tout en faisant part de nos revendications : échéancier des travaux, confirmation des montants des subventions, et surtout la date de début des travaux. Alors que les bâtiments appartiennent à la CCAPS, qui est décideur des travaux, aucun élu de l'exécutif n’était présent ce jour-là pour répondre à nos interrogations.

L'événement s'est poursuivi par un temps de convivialité et des temps musicaux. Des personnes sont venues avec leurs instruments de musique pour partager ce moment. Un couple a travaillé sur un slam pour raconter l'histoire du moulin de Brainans et de l'association Promodégel, ce qu'a pu produire le moulin en termes de lien social, d'ouverture à la culture en milieu rural.

Aujourd’hui, Promodégel est obligée de mettre beaucoup de moyens humains pour pouvoir organiser leur programmation « hors les murs ». L'incompréhension domine chez tous les membres du collectif : Le lieu est fermé depuis un an et demi et aucune justification n’a été apportée pendant cette période. Rappelons que la fermeture était liée au fait que les travaux devaient commencer.

J'ai été administrateur du moulin et, pendant 6 mois, président de l'association Promodégel. J'ai participé aux premières tables rondes de financement. Un engagement de porter le projet avait été pris par la communauté de communes (ndlr : Comté de Grimont, avant la fusion), la Direction Régionale des Affaires Culturelles, partenaire important dès le départ, était d’accord pour financer tous les diagnostics, avec les premiers versements aux architectes pour établir les premiers plans.

Au démarrage, le projet était fortement soutenu, avec une réelle volonté de rendre ce bâtiment accessible. Cela faisait plusieurs années que cette question était posée ainsi que l'évacuation du public et la mise en sécurité du bâtiment. Nous, les bénévoles, avons travaillé à plusieurs reprises sur ces chantiers-là, on avait réfléchi par exemple à l'accès des locaux aux PMR, améliorer la signalisation pour une meilleure évacuation du public avec des formations à l'évacuation pour les bénévoles. La mise aux normes du bâtiment devait passer par une meilleure organisation des locaux pour le stockage du matériel son et lumière, l'accessibilité des groupes sur la scène et un meilleur accueil des bénévoles et des groupes de musique dans une salle adaptée. Tout se faisait dans des parties du bâtiment difficilement accessibles avec des escaliers. Le projet tel qu'il avait été présenté à l’époque représentait un budget très important pour nous (on parlait de 8 millions d’euros). Il a été revu à la baisse mais l'idée principale était de garder le bâtiment historique, à savoir le moulin. La partie bowling qui est un hangar avec une toiture en fibrociment devait être supprimée pour construire un bâtiment plus adapté.

Le collectif a lancé une pétition qui a recueilli à ce jour plus de 3600 signatures

39° : Suite à ce qui semble être un manque actuel de communication avec les élus de la CCAPS, quels sont les développements, les obstacles que vous rencontrez et les perspectives d’avenir ?

B.A. : On s'est réunis mardi dans l'optique d'officialiser la structure du collectif en se constituant en association loi de 1901 avec une organisation en collège solidaire. L'objectif est d'avoir une existence juridique qui nous permette de continuer à mener des actions. Ainsi, nous pourrons lancer des collectes de fonds pour pouvoir venir en appui au projet et mener des actions pour faire vivre ce lieu emblématique. Il ne faut pas qu’il devienne un bâtiment fantôme. On souhaite que ce bien commun puisse vivre. Pendant toute la période où le bâtiment n'est pas chauffé et qu'il n’y a pas de vie à l'intérieur, il se dégrade. L'idée est de rencontrer les élus locaux, ceux du conseil départemental, du conseil régional pour sonder ensemble les problématiques et voir comment nous, citoyens, on peut agir pour que cette décision aille dans le sens du bien commun, et que ce bâtiment revive.

39° : Peut-on dire que le moulin de Brainans est une ZAD ?

B.A. : Pour nous, forcément, c'est une ZAD. Mais de là à imaginer un fonctionnement du type Notre Dame des Landes, on en est loin !

On veut se battre pour que ce bâtiment vive, mais entreprendre de s'y installer n'est pas notre objectif. L'objectif est que l'association Promodégel puisse rapidement retrouver ses locaux, avoir de meilleures conditions de fonctionnement. Actuellement, elle est hébergée dans l'ancienne maison du Comté, le stockage du matériel se fait dans d'autres bâtiments. Elle fonctionne de manière dégradée, et malgré tout, les salariés remplissent pleinement leur mission, mais ces conditions de travail sont usantes pour eux et entrainent des difficultés organisationnelles.

39° : Sans les bénévoles, le moulin pourrait-il exister ?

B.A. : Lors de certaines soirées, on arrivait à retrouver une trentaine de bénévoles, pour servir derrière le bar, pour gérer les entrées, la préparation des repas pour les artistes et l'équipe bénévole, l'entretien des locaux, etc. Il y a énormément de tâches remplies par les bénévoles. Si le bénévolat était valorisé financièrement, les coûts de fonctionnement à la charge des financeurs publics seraient beaucoup plus importants. Clairement, le moulin serait très largement déficitaire sans les bénévoles pour le faire fonctionner.

39° : La suite, c'est quoi ?

B.A. : Plusieurs artistes ont apporté leur soutien au collectif : lors d’un concert de la Rue Ketanou, le chanteur a pris la parole pour apporter son soutien au moulin. Dans le milieu culturel et le milieu de la musique, l'information circule. Des acteurs de ce milieu cherchent les moyens d'apporter leur soutien à notre cause et demandent que le bâtiment soit rouvert. D'un autre côté, on a des élus qui sont frileux. On a même entendu M. Bonnet prêt à vendre le bâtiment pour un euro symbolique, arguant que la collectivité n'avait pas les moyens de le financer. Pourtant, ils en trouvent pour d'autres projets. La médiathèque de Poligny, financée par la CCAPS, est un projet à 3 ou 4 millions. L'idée n'est pas de mettre en opposition les uns et les autres mais de faire en sorte que les engagements politiques soient tenus. Pour nous, peu importe que le bâtiment appartienne au conseil départemental ou à la « comcom ». On souhaite avoir une réponse et avoir un échéancier des travaux avec une date de démarrage et une date de retour dans les locaux et faire tourner le moulin de Brainans.

https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/soutien-moulin-brainans/237084