Mouvements Sociaux & Santé / Lons-le-Saunier

Les infirmier·es libéraux.les en colère manifestent à Lons-le-Saunier

Ils et elles étaient une soixantaine à manifester – casserole, cloche et corne de brume à la main – dans les rues de Lons-le-Saunier ce vendredi 12 mai, journée internationale de l'infirmière.

Des revalorisations face à la hausse du coût de la vie.

Non revalorisé.es depuis 2009 pour les actes et depuis 2012 pour les frais de déplacement, les Infirmier.es Diplômé.es d'État libéral subissent comme le reste de la population l'inflation galopante.

Rappelons les chiffres. L'inflation a atteint +7,3% sur 1 an (selon INSEE) avec une inflation moyenne sur les prix alimentaires de +15,8%.

Une infirmière témoigne: « Nous nous sentons méprisé.es. Déjà que nous n'avons pas pu bénéficier de la prime COVID, avec la hausse des prix et de l'essence, on s'en sort plus.»

Le collectif exige ainsi la revalorisation des actes médicaux infirmiers, dont le montant n'est pas indexé sur l'inflation, mais aussi la revalorisation de l'indemnité forfaitaire de déplacement et de l'indemnité kilométrique. Il revendique aussi l'inclusion dans la nomenclature (NGAP), la reconnaissance d'actes de soins « silencieux effectués de façon bénévole » (pose de bas de contention, administration de collyres, pose de capteur glycémique etc...).


En plus de l'inaction gouvernementale face à la vie chère, leur quotidien s'est aussi aggravé du fait d'une série de mesures gouvernementales.

Depuis le 1er janvier 2020, un plafond de l'indemnité kilométrique a été mis en place : « Du 301ème au 400ème kilomètre, nous ne percevons que la moitié des indemnités, au-delà, nous ne percevons plus rien ».

Depuis le 29 mars 2019, il existe un forfait quotidien du Bilan Soins Infirmiers qui « ne tient pas compte du nombre de passages effectués au domicile » avec des montants actuels de prises en charge qui pousseraient les infirmier.es « à refuser les soins pour les patients lourds », selon le collectif.

La loi de financement de la sécurité sociale 2023, adoptée autoritairement par 49-3, est elle aussi pointée du doigt. L'article 102 « met en place une présomption de culpabilité », dénonce le collectif. Ce dispositif prévoit, à partir d'un échantillon de factures, de repérer les anomalies et d'appliquer un forfait de montants indus sur la totalité de l'activité professionnelle contrôlée, et non sur les seules anomalies constatées, sanctionnant de fait les soignant.es sur des sommes perçues à juste titre.

Le collectif exige le retrait de ces mesures.

Caisse excédentaire et retraite à 60 ans.

Le collectif revendique un départ à la retraite à 60 ans et une réduction des cotisations: «Notre caisse de retraite est l'une des rares caisses excédentaires. Les cotisations sont élevées pour un retour moindre, et cela sans compter l'âge de départ à la retraite et le peu d'années de retraite qu'il nous reste puisque notre espérance de vie est inférieure à la moyenne nationale de 7 ans.»


Né en décembre 2022, ce collectif s'est constitué grâce aux réseaux sociaux.

« Ce collectif n'a pas été monté par un syndicat. Nous nous sommes organisé.es via facebook et WhatsApp », me raconte une manifestante. Voilà qui en dit long sur les nouvelles formes de lutte, sur la capacité auto-organisatrice que permettent les réseaux, notamment de travailleur.euses dispersé.es qui ne se croisent pas sur leur lieu de travail.

Le collectif regroupe 158 professionnel.les dans le département. Au niveau national, le groupe facebook des infirmier.es en colère rassemble plus de 15 000 personnes. La pétition en ligne a quant à elle rassemblé plus de 110 000 signatures.