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Danielle Brulebois emplumée : la plainte de la députée classée sans suite

La députée, mécontente du lancer de plumes réalisé lors du cocktail d'inauguration de la Foire de Lons, a déposé une plainte contre Julien Da Rocha à l'origine de l'action. Le manifestant anti-réforme des retraites a été convoqué au commissariat de Lons-le-Saunier le jeudi 13 avril 2023. Il a accepté de répondre à nos questions.

Julien Da Rocha à l'origine du lancer de plumes lors du cocktail d'inauguration de la Foire de Lons

Danielle Brulebois a déposé une plainte contre vous. De quoi vous a-t-elle accusé?

J'ai été convoqué pour outrage.

L'article 433-5 du code pénal dispose que « constituent un outrage puni de 7 500 € d'amende les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l'envoi d'objets quelconques adressés à une personne chargée d'une mission de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie. Lorsqu'il est adressé à une personne dépositaire de l'autorité publique, l'outrage est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 € d'amende ».


Que s'est-il exactement passé ce jour-là ?

Lors du pot officiel d'inauguration de la Foire de Lons, une partie des syndicats avait prévu de manifester bruyamment et de distribuer des tracts concernant la réforme des retraites. J'ai appris que madame Brulebois serait présente. J'ai donc eu l'idée de profiter de ce moment pour faire une action spécifique à l'encontre de madame Brulebois, députée Renaissance pro-réforme des retraites.

Il m'a semblé que l'emplumer alors que la réforme nous déplume était un bon symbole. Il fallait lui rappeler qu'elle est la représentante du peuple et que le peuple est majoritairement contre cette réforme.

Par chance, il pleuvait ce jour-là, j'ai donc rempli un parapluie de plumes afin de pouvoir passer les vigiles de l'entrée. Une fois à l'intérieur, j'ai attendu que les syndicats se manifestent afin de distraire les vigiles présents. Quand madame Brulebois est passée à coté de moi, j'ai ouvert le parapluie et lui ai dit que nous ne nous laisserions pas plumer.

Les vigiles m'ont ensuite écarté puis une policière a pris mon contact et ils m'ont laissé repartir.


Quelle a été votre réaction lorsque vous avez avez appris votre convocation au poste ?

Je m'y attendais un peu, je me demandais juste quelle infraction ils pouvaient trouver et quel calcul madame Brulebois ferait entre la répression et la médiatisation de l'affaire. Elle a choisi la répression, ce qui montre son état d'esprit.

Je me demandais aussi si cela se ferait en audition libre ou en garde à vue. Ce fut en audition libre, ce qui est bien moins contraignant.

Sa plainte a été classée sans suite. Pouvez-vous nous dire pourquoi et qu'est-ce que cela vous inspire ?

Le procureur a toute liberté de poursuivre ou non. Il ne m’a pas justifié les raisons de son choix. J'ai axé ma défense à l'audition sur le fait que l'emplumage était symbolique et j'ai revendiqué que je n'avais pas agressé physiquement madame Brulebois. J'ai aussi précisé qu'il s'agissait d'une action politique.

À titre personnel, je pense qu'il a retenu le symbole et pas l’agression. De plus, je pense qu'au vu du climat de tension il n'avait pas intérêt à me poursuivre pour un geste symbolique.

Il s'agit pour moi d'un geste d’apaisement des tensions et de désescalade au niveau judiciaire. Le ridicule est du côté de madame Brulebois.

Ce qui me chiffonne cependant, c'est plus l'application stricte de l’article l55-1 du code de procédure pénale qui prévoit le fichage de toute personne auditionnée.

J'ai dû donner mes empreintes, puis j'ai été photographié en vue de la biométrie. Et cela même si le procureur ne m’a pas poursuivi.