Mouvements Sociaux & Education / Lons-le-Saunier

A Lons-le-Saunier, les AESH mobilisé·es pour une meilleure reconnaissance de leur métier

Une quinzaine d’AESH (Accompagnant·es d’élèves en situation de handicap) et enseignant·es étaient rassemblé·es devant l’inspection académique de Lons-le-saunier ce mardi 13 juin. Six syndicats avaient lancé un appel national à la grève pour obtenir notamment un statut ainsi qu’une revalorisation des salaires pour les AESH.

Prise de parole de Nadine GASNE, AESH syndiquée SNUipp FSU (Crédit : Eileen CHAIX)

Des conditions de travail toujours plus détériorées
A 17h, heure de rendez-vous du rassemblement, les discussions allaient déjà bon train devant les marches de l’inspection académique. D’abord entre elles, puis en réponse à nos questions, les AESH présentes, toutes des femmes, racontent la réalité de leur métier. Les temps partiels subis de 21 heures, voire 24 heures par semaine pour certaines, ne permettent pas de prendre un second emploi de par l’amplitude horaire (8h30 – 17h en école primaire). Il est parfois possible de faire quelques heures de remplacement en cantine, mais elles n’en sont informées que le matin même, ce qui ne permet pas de s’organiser en conséquence. A cela s’ajoute le nombre d’heures allouées pour l'accompagnement des élèves qui n’augmente pas en proportion du nombre d’élèves à suivre. On regroupe alors les élèves en question dans une même classe avec un·e seul.e AESH, sans se préoccuper de la difficulté de gérer simultanément différentes formes de handicap. Enfin, les AESH se vivent comme la variable d’ajustement du manque de places dans les établissements spécialisés. Nadine Gasne raconte avoir déjà eu des bleus suite à des coups d’élèves qu’elle suit, ou encore l’exemple d’une collègue poussée dans les escaliers.


Une nouvelle attaque au métier

Cette nouvelle journée de lutte pour les AESH s’inscrit dans une actualité autour de la Conférence Nationale sur le Handicap (CNH). Convoquée le 26 avril dernier, cette conférence organisée tous les 3 ans vise à présenter le bilan et les perspectives des politiques publiques en matière de handicap. Cette dernière édition n’incluait ni représentants syndicaux, ni personnels accompagnants d’élèves en milieu scolaire, ce qui est largement perçu par les personnes présentes au rassemblement comme une marque de mépris. De plus, une des perspectives énoncée concerne la fusion entre AESH et Assistant·es d’Éducation (AED) pour créer le métier d’Accompagnant·es à la Réussite Educative (ARE). Le but affiché page 15 dans le dossier de presse de la CNH est de « déployer des compétences nouvelles et assurer le suivi des enfants sur le temps scolaire et périscolaire ». Or pour les AESH présentes, ce projet est une énième marque de non-reconnaissance de leurs compétences car il s’agit de 2 métiers différents, une fusion ne ferait que multiplier les tâches sur lesquelles elles pourraient être affectées (surveillance, vie scolaire, etc.).


Des revendications pour une reconnaissance « à la hauteur du travail fourni »
Les AESH et les organisations syndicales qui les soutiennent n’en sont pas à leur première mobilisation. Leur lutte ainsi que les difficultés à recruter et garder du personnel a notamment amené le gouvernement à mettre en place depuis le 1er septembre dernier la CDIsation des AESH ayant cumulé 3 ans d’ancienneté. Cette mesure est cependant jugée insuffisante au vu du rôle majeur que jouent les AESH dans l’inclusion des élèves en situation de handicap, la revendication principale de ce mouvement de grève étant leur rattachement à un statut de fonctionnaire de catégorie B. En parallèle, la question de la rémunération est également prégnante, un contrat à l’échelon 1 de 24 heures par semaine étant rémunéré environ 850€ net. Actuellement, il leur faut en effet 9 ans de service pour atteindre le SMIC ce qui, dans un contexte d’inflation, plonge une grande partie de la profession dans la pauvreté. Elles demandent donc une revalorisation de leur rémunération tout au long de la carrière, afin de valoriser leur expérience. Au niveau local, les revendications ont été élaborées lors d’un stage « école inclusive » également organisé ce mardi par le SNUipp FSU regroupant des professionnels du milieu scolaire afin d’échanger et d’identifier les difficultés. Les doléances ainsi rassemblées doivent encore être mises en forme avant d’être transmises à la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN).

undefined

Les AESH et enseignant·es ont collé des slogans et revendications sur la porte de l’inspection académique (Crédit: Eileen Chaix)

L’illusion de l’école inclusive à moyen constant

Derrière les conditions de travail dégradées et le manque de reconnaissance, c’est la politique d’école inclusive telle que menée par le gouvernement qui est remise en cause. Les tentatives de flexibiliser l’accompagnement, notamment par la création depuis 2019 des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) qui gèrent la mutualisation des AESH, se font au détriment des élèves et des professionnel·les. Les AESH présentes l’affirment : si l’objectif d’une école la plus inclusive possible est un horizon souhaitable, il n’est pas compatible avec la volonté du gouvernement de réduire les dépenses dans les services publics. Nadine Gasne rappelle également que « l’inclusion a ses limites. Il faut que les conditions d’accueil garantissent la sécurité de l’élève, de ses camarades et des enseignant·es ». Selon elle, l’accompagnement d’élèves atteints de certains handicaps dépasse leurs compétences et seule la mise en place de moyens conséquents dans les établissements spécialisés serait à même de répondre à ce besoin.