Education / Lons-le-Saunier

26 fermetures de classe dans le Jura … une mise à mal actée par le DASEN

Suppression par le DASEN du Jura de 26 classes en école primaire, 6 postes en collèges et un atelier SEGPA.

Rassemblement devant la préfecture- 13.02.2024

Mardi 13 février, enseignant·es, parents d’élèves, représentants du personnel, élu·es et citoyen·nes se sont rassemblé·es devant la préfecture afin de dénoncer le projet de suppression par le DASEN du Jura de 28 classes en école primaire, 6 postes en collèges et un atelier SEGPA, entre autres.

Cette décision avait fait l’objet d’une réunion du CDEN le 6 février, et devait être actée à l’issue de la réunion du 13 février. (notre article du 10 février : 28 classes menacées de fermeture dans le Jura | Trente Neuf Degrés (trenteneufdegres.fr) )

« Cette déclinaison locale d’une politique nationale qui a acté la fermeture de 650 postes d’enseignant.es dans le premier degré va mettre à mal des écoles, des villages, des équipes enseignantes, et en tout premier lieu les conditions d’apprentissage des élèves. Nous ne pouvons pas accepter cela ! » a déclaré Patricia Ganneval, porte-parole du collectif.

Ne pouvant absolument pas accepter de telles décisions concernant la carte scolaire de notre département, nous avons voté contre ce projet présenté par l'Inspecteur d'Académie. »

A l’issue de la longue réunion qui a suivi, Séverine Duparet pour la FSU-SNUipp communique : « De manière générale, nous sommes revenu·es sur nos revendications d'école ambitieuse et émancipatrice pour tous les élèves et la nécessité de moyens conséquents pour améliorer les conditions d’exercice des personnels de l’Éducation Nationale qui doit se traduire par une baisse des effectifs par classe pour une meilleure prise en charge de l'hétérogénéité. En tant que représentant·es du personnel, avec l'appui de la FCPE, de certains élus et représentant·es d'associations, nous avons imposé notre état des lieux de la réalité du terrain.

Le DASEN est resté sur ses positions avec le soutien du préfet qui a déploré notre ingratitude.

26 fermetures ...une dégradation des conditions d'apprentissage et d'enseignement.

Notre correspondante pour Trente-neuf degrés a recueilli les propos de Patricia Ganneval.

39 ° : Quel est le bilan de la situation en école primaire ?

P.G. : En école primaire, seule la Roumanie fait pire que nous en ce qui concerne le nombre d’élèves par classe. 26 fermetures de classe, c’est donc la réponse et le signal souhaité par le DASEN qui, plutôt que de profiter de la relative baisse démographique pour rendre les conditions d’accueil des élèves moins pires dans des classes un peu moins chargées, préfère utiliser cette baisse pour tenter de justifier l’injustifiable : des fermetures de classe.

39 ° : Et pour ce qui est de la situation des collèges ?

P.G. : En ce qui concerne les collèges jurassiens, le bilan n’est pas plus glorieux. La préparation de rentrée est une nouvelle fois très inquiétante. Les collèges de notre département vont devoir rendre plus de 110 h soit l’équivalent de plus de 6 ETP, après les 5 ETP supprimés l’année dernière. Une fois de plus, les élèves et les collègues vont devoir en subir les conséquences : 16 établissements voient leur moyenne d‘élèves augmenter, les compléments de service vont se multiplier et les suppressions de postes vont encore fragiliser les équipes. Et pour revenir à la question des remplacements, le sacro-saint Pacte tant vanté dans la communication du ministère ne règle ni le problème des postes qui ne seront pas pourvus à la rentrée, ni celui des remplacements de moyenne et longue durée qui vont à nouveau se multiplier, faute de TZR en nombre suffisant.

Ajoutons à cela la suppression d’un atelier à la SEGPA du collège de St- Exupéry après la mise en place au forceps de la 6ème inclusive l’année dernière, nous obtenons ainsi une sordide illustration de la gestion comptable toujours à flux plus que tendu des moyens alloués à l’école publique pour l’émancipation de nos enfants, de tous nos enfants, sur tout le territoire.

39° : Quelles sont vos revendications, et vos actions à venir ?

P.G. : Nous avons besoin d’enseignants considérés, formés et bien rémunérés : cela passe par des créations de postes et non des suppressions comme nous le voyons chaque année depuis l’arrivée de M. Macron à l’Élysée.

De l'hôpital à l'école, le lien est aisé : dans le secteur de la santé, après avoir pendant des années sabordé les conditions de travail des soignant·es, nos dirigeants se sont préoccupés de la qualité des soins en multipliant les questionnaires de satisfaction et autres documents d'évaluation qui sont autant de balles réelles tirées sur l'ambulance.

Dans les écoles également, on prend la température : évaluation des réseaux d'aide dont les postes ont disparu, questionnaires de satisfaction, évaluations d 'établissements quand la situation est critique et 29 postes en moins dans le département.

A nos demandes de moyens humains pour envisager un Service Public d’Éducation ambitieux, l’État nous répond par des uniformes et des manuels imposés ou en voie de l'être. Il n'y a plus de respect paraît-il? Rien d'étonnant quand même au plus haut niveau de l’État, il n'y a pas de respect pour les personnels.

En particulier pour les « Essentiels »: contractuel·les, AESH,... AESH dont le métier était auparavant précaire mais ne le serait plus du fait de leur cédéisation possible ? Est-ce suffisant ? Non, pour la FSU, seul un statut permettrait la sortie de la précarité. Or, le gouvernement s’y est opposé.

Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, les organisations syndicales de la fonction publique appellent à une journée de grève le 19 mars. Elles dénoncent une manœuvre gouvernementale visant à esquiver l’urgence de l’augmentation des salaires, risquant de créer des divisions parmi les agent·es et de nouvelles inégalités, notamment entre les femmes et hommes.

Une journée de grève féministe aura lieu le 8 mars.